Fréquence de pédalage optimale: halte aux cadences infernales!

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Les secrets de la Puissance du Maître dévoilés

 

 

La Parole du Maître

je te repete qua 50 tour minute et 300 watt je force pas je pense qua 50 tour je dois pouvoir monter a 600 watt . cest vraiment des details tout ca.

 

Exégèse

La cadence de pédalage du Maître est un sujet d’étonnement constant pour de nombreux athlètes.

Invariablement, les relevés d’entraînement postés voient figurer une cadence de pédalage moyenne considérée comme très basse, entre 50 et 70 RPM (54 dans le relevé figurant en tête de cet article), suscitant de nombreuses interrogations.

L’utilisation d’un impressionnant plateau de 56 ne peut qu’évidemment favoriser ce type de cadence, beaucoup plus lente que ce qui est généralement conseillé dans les milieux cycliste et triathlétiques.

De tout temps, le cyclisme a opposé ceux qui pédalent en force (Jan Ullrich) à ceux qui moulinent en vélocité (Lance Armstrong), mais depuis un bon nombre d’années, la tendance est nettement à privilégier une fréquence relativement élevée (90-100 RPM), plutôt qu’un pédalage en force. L’équation fondamentale reste puissance = force x vélocité, et la tendance actuelle est nettement à privilégier le facteur vélocité plutôt que le facteur force pour améliorer la puissance.

Aussi, la plupart des entraîneurs et des magazines sportifs recommandent consciencieusement une vélocité élevée, supérieure à 90 RPM, que l’on est supposé travailler à l’entraînement (travail en hyper vélocité, conseil de rester sur le petit plateau en hiver…). Un exemple typique des recommandations en vigueur:

http://www.cyclesud.fr/chroniques/cadence.html

Cependant, la pratique du Maître nous interpelle. N’y a-t-il pas quelque raison fondamentale à le voir ainsi adopter spontanément une fréquence aussi basse? N’est-il pas une fois de plus dans le vrai en prenant le contrepied résolu des préjugés du peloton?

De fait, si on creuse un peu le sujet, on s’aperçoit qu’une telle approche est loin de manquer de pertinence. Car ce qui est valable pour des cyclistes purs ne l’est pas forcément pour des triathlètes visant des efforts longs, comme les 180km de la partie vélo d’un Ironman.

Un grand nombre d’études scientifiques ont été réalisées pour évaluer la cadence de pédalage la plus économique, et toutes convergent pour dire que la cadence la plus économique est bien plus basse que celle adoptée spontanément par nombre de cyclistes:

  • Pour une puissance donnée, la fréquence la plus économique en consommation d’oxygène est à 60 RPM, et l’efficacité diminue à mesure que la fréquence augmente:
    http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/10541922

L’intérêt des cadences basses, semble assez lié au recrutement des fibres musculaires. En gros, pour des forces faibles, on recrute des fibres de type I (fibres rouge), et pour des forces élevées, des fibres de type II (fibre blanche). Pour les détails, voir: http://ericd-training-concept.graphz.fr … s-volants/

Les fibres rouges sont bien plus efficaces pour les efforts de longue durée: on a donc intérêt à maximiser leur utilisation en pédalant, et à minimiser le recrutement des fibres blanches. Pour ceci, on a intérêt, pour une puissance donnée, à mouliner vite, car plus on mouline vite, moins la force à exercer sur la pédale est faible, et moins on recrute de fibre blanches.

Mais par ailleurs, on a 2 types de forces à exercer lorsque l’on pédale: la force que l’on doit appliquer sur la pédale pour faire avancer le vélo, mais aussi la force qu’il faut exercer pour faire bouger la masse de ses jambes (force à exercer pour « pédaler dans le vide »). Or la force à appliquer pour faire bouger ses jambes, force « inutile » puisqu’elle ne contribue en rien à la propulsion, augmente de façon polynomiale avec la cadence de pédalage!

Donc en fait, la cadence optimale est obtenue en pédalant à la fréquence la plus basse possible, mais en restant à un niveau de force suffisamment faible pour recruter essentiellement des fibres rouges. Ceci explique pourquoi plus la puissance exercée est élevée, plus la cadence optimale est élevée: un cycliste pro qui fait un CLM à près de 50km/h va exercer plus de 400W. S’il veut rester sur une filière métabolique fibre rouge, il va devoir pédaler à plus de 100 RPM pour que la force à appliquer reste raisonnable, et ainsi minimiser le recrutement des fibres blanches anaérobiques et productrices d’acide lactique.

Par contre, le triathlète moyen qui fait son Ironman à moins de 200W de NP peut très bien pédaler à 70 RPM tout en restant en filière fibre rouge, car la force à exercer pour produire 200W à 70 RPM reste raisonnable. Il va ainsi minimiser l’énergie consacrée au simple pédalage, diminuer sa fatigue et être dans les meilleures condition pour courir derrière.

Autrement dit, il ne sert à rien de vouloir imiter la cadence des pros: si on produit 2 fois moins de puissance qu’un pro, il vaut mieux réduire de 30% sa cadence et de 30% sa fréquence (ce qui a pour effet de produire de 70% * 70% = 49% de la puissance) plutôt que de conserver 100% de la cadence et de réduire de 50% la force exercée.

La cadence optimale précise sera dictée par sa propre répartition fibre rouges / blanches, et par ses seuils de force pour passer des unes au autres.

Chacun a sa puissance optimale, et plus la puissance produite est importante, plus la fréquence optimale d’un individu donné a des chances d’être élevée, mais il est complètement contre-productif d’obliger l’amateur lambda de tourner à 90 RPM s’il se sent mieux à 70, surtout sur de longues distances

Encore une fois, le Maître nous montre la voie de la sagesse en refusant de s’engager dans une course à la fréquence complètement improductive et au final nuisible à la performance.

 

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