Pétrole, solaire, énergie nucléaire et moteur à azote: l’avenir énergétique de l’humanité

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La Parole du Maître

quand on petrolier il on deja ete obligé de divisé le prix du baril par 2 affin de retarder lecheance.

 

Exégèse

Toujours soucieux du bien-être de notre Société, le Maître aborde ici le problème capital de la baisse des cours du pétrole et de son impact sur notre avenir énergétique et environnemental.

On ne peut que souscrire au constat établi par le Maître: le prix du pétrole a été divisé par 2 à cause des pétroliers. Et ceci retarde considérablement l’échéance de la transition énergétique.

Plus précisément, il est généralement admis que si les prix ont été divisés par 2, c’est à cause de deux facteurs essentiels:

  • le ralentissement du développement économique: stagnation des économies en Europe et ralentissement de la croissance en Asie
  • la volonté de l’Arabie Saoudite de casser les reins de ses 2 grands rivaux:
        – le rival politique que constitue l’Iran chiite face au royaume sunnite, au Moyen Orient et dans le monde musulman
        – le rival économique que constituent les USA, qui en quelques années sont devenus une très grande puissance dans le domaine des hydrocarbures grâce à l’exploitation du gaz et du pétrole de schistes

A court terme, cette volonté saoudienne de casser les prix du pétrole handicape donc avant tout l’Iran et les USA, mais elle fait au passage de nombreuses victimes collatérales:

  1. la Russie dont les exportations pétrolières se sont effondrées alors même qu’elle souffrait des sanctions occidentales relatives à la situation ukrainienne
  2. les majors occidentales
  3. les énergies renouvelables
  4. le nucléaire

Les majors occidentales

Les compagnies pétrolières occidentales (les majors) se sont progressivement fait nationaliser, ou chasser de tous les grands champs facilement exploitables par les Etats sur lesquels ils se situaient. Aujourd’hui, l’essentiel des réserves est donc possédé et exploité par des compagnies pétrolières nationales (possédées par des Etats): Aramaco, de loin le n°1 mondial, Gazprom, NIOC, Kuwait Petrol Corporation, Pemex… Les 3 plus gros producteurs de pétrole/gaz mondiaux sont Aramco, Gazprom et NIOC, et certainement pas les Shell, Total…

Les pétroliers qui ont divisé par 2 le prix du pétrole ne sont donc pas ceux auxquels on pense traditionnellement en France, les majors (ExxonMobil, Chevron, BP, Shell, Total…), mais les compagnies pétrolières nationales, dominées par les Etats, qui ont complètement pris la main sur l’essentiel des réserves mondiales et qui aujourd’hui fixent les cours comme elles veulent et les manipulent à des fins politiques.

Les majors voient leur production régulièrement décliner depuis 7 ou 8 ans – même si cela était auparavant masqué au niveau de leur chiffre d’affaire par la hausse des cours. La production de Total a diminué de 20% en 4 ans. Et le cours de leurs actions suit cette pente.

Certes, les ressources naturelles pétrolières sont quasi-illimitées. Par contre, leur coût d’exploitation est très variable. Plus le prix du pétrole est élevé, plus les réserves économiquement exploitables sont élevées, mais plus il est bas, plus les réserves exploitables sont restreintes. L’Arabie Saoudite a un avantage majeur: ses réserves sont exploitables au coût le plus bas (environ 5-10$ par baril) tandis que le prix du revient du pétrole de schiste ou des plates-formes off-shore profondes est plutôt autour de 60$. A 60$ le baril, les Saoudiens vivent très confortablement tandis que les majors occidentales tirent la langue.

La pertinence des majors dépendait essentiellement de leur capacité technologique à extraire le pétrole sur des gisements complexes (off-shore, régions polaires, grandes profondeurs, pétrole de schiste…). La baisse des cours rend souvent cette exploitation non rentable, et les compagnies sont prises à la gorge. Aujourd’hui elles réduisent drastiquement leurs investissements en exploration-production, et se diversifient massivement dans les énergies renouvelables, dont elles sont devenues les plus fervents supporters et surtout les plus gros financiers : Shell dans l’éolien, le solaire, l’hydrogène, Chevron dans la géothermie, Total dans le solaire (cf. projet Shams)…. Ne pas croire qu’elles forment des lobbys pour tuer l’innovation: c’est au contraire vers elles qu’il faut se tourner pour financer des projets innovants dans le domaine des énergies renouvelables. C’est elles qui ont à la fois les moyens et la nécessité de réussir la transition énergétique.

Les énergies renouvelables

Aujourd’hui, les énergies renouvelables sont donc essentiellement portées par les majors pétrolières.

Cependant, la plupart de ces investissements se sont montrés très décevants. Outrageusement avantagé d’un point de vue fiscal, le solaire photovoltaïque a connu une énorme bulle spéculative, qui a fini par exploser quand la réalité technologique et économique a repris le dessus, faisant au passage des victimes collatérales tel que Eric. Quoique l’on dise, il n’y a en 2015 pas de rationalité à investir dans ce type d’énergie. D’autant que cette filière n’est pas du tout la source d’emplois que l’on espérait: en quelques années les fabricants chinois de panneaux solaires à bas prix ont complètement balayé les fabricants européens.

L’exploitation de la biomasse et des bio-carburants a vite montré ses limites, et aujourd’hui les plus fervents opposants des bio-carburants sont les écologistes. Non sans raison: leur compétitivité économique provient essentiellement du fait qu’ils ne sont pas massivement surtaxés comme les carburants traditionnels (les 2/3 du prix de l’essence sont des taxes), ce qui prive l’Etat de ressources fiscales, et la mobilisation de vastes surfaces cultivables pour produire du carburant plutôt que pour nourrir des hommes est pour le moins problématique.

L’éolien présente un profil technique et économique plus intéressant, mais n’est pas sans inconvénient :

  • la volatilité de sa production reste très problématique et difficile à gérer
  • le raffinage des terres rares nécessaires à sa construction a un fort impact écologique négatif
  • à cause des fondations, il faut beaucoup plus de béton et d’acier par MW produit par l’éolien que pour tout autre type de centrale (y compris nucléaire), d’où une empreinte carbone indirecte forte
  • et surtout, son impact sur nos paysages est assez désastreux : pour assurer un rendement énergétique minimum, on est obligé de sombrer dans le gigantisme. Les dernières générations d’éoliennes – au-delà de 6MW – font plus de 150m de haut.

Le nucléaire

Le Maître fait encore preuve de clairvoyance en prédisant la fin du nucléaire.

Objectivement, le nucléaire est l’énergie idéale:

  • abondante: l’uranium est abondant, globalement bien distribué sur la planète (provenant de pays stables: Canada, Australie… pas besoin d’envoyer Koko faire la guerre pour sécuriser l’approvisionnement), et surtout, son coût est négligeable (10%) dans le prix de revient du kWh. Ce qui coûte cher dans le nucléaire, c’est la construction de la centrale et son démantèlement (investissement initial et final), mais pas son fonctionnement (combustible, exploitation). Les coûts sont dans la sécurité, l’ingénierie, pas le combustible.
  • propre: parmi les plus bas taux d’émission de GES par kWh produit – et le pb des déchets est un faux pb : compte tenu de leur volume extrêmement réduit, leur gestion ne présente pas de problème majeur
  • sûre: malgré le déferlement médiatique sur Fukushima, beaucoup moins de morts par kWh que la plupart des autres formes d’énergie, et notamment le charbon, qu’il remplace, et qui tue dans le silence des medias des centaines de mineurs
  • riche en emplois non délocalisables et hautement qualifiés

Cependant, le modèle nucléaire est honni du capitalisme: du fait de l’explosion des exigences de sécurité, il exige un investissement initial très important (des milliards), avec un retour sur investissement étalé sur des dizaines d’année. Aucun fond d’investissement ou entreprise privée n’est aujourd’hui prêt à investir pour un retour aussi long.

En vérité, seuls des Etats souverains ont la capacité d’investir sur un aussi long terme.

Pour que le nucléaire puisse s’imposer, il faudrait donc que la Société soit à la fois très étatiste (c’est à dire encline à donner à la puissance publique la responsabilité de l’approvisionnement énergétique du pays) et riche (pour avoir les milliards à investir).

Or toutes les sociétés étatistes socialisantes, telles que feue la RDA, Cuba, la France… sont tombées dans le déclin et la décrépitude économique, face au dynamisme des sociétés purement capitalistes, s’appuyant sur l’initiative privée (typiquement: USA) pour leurs grands projets industriels (en dehors de toute considération politique, la France est objectivement bien plus étatiste que tous ces pays. Avec 57% de son PNB consacré à la dépense publique, elle arrive au 5° rang mondial après la République Démocratique du Congo, le Kiribati, l’Iraq, le Lesotho et le Danemark – ceci du fait aussi bien de la droite que de la gauche, unis sur ce point).

En conséquence, le nucléaire est condamné: soit on est dans un pays capitaliste (comme les USA), et l’investissement nucléaire est à beaucoup trop long terme pour intéresser le secteur privé, soit on est dans une économie administrée (comme en France) et l’Etat en faillite n’a plus les moyens d’investir.

Du coup, Areva (bel exemple d’économie administrée à la française) est en détresse: ils vont prochainement annoncer des pertes record, et leurs investissements massifs dans les énergies renouvelables se sont révélés désastreux, pour les raisons évoquées plus haut (abandon du solaire à concentration, pertes massives dans l’éolien et les bio-énergies…). Bref, ils sont condamnés à disparaître ou se réinventer: toutes ces entreprises doivent s’auto-cannibaliser si elles ne veulent pas que d’autres le fassent rapidement à leur place.

Seules exceptions et lueur d’espoir pour le nucléaire: la Chine et les monarchies pétrolières, qui ont encore des Etats forts, actifs économiquement, et qui ont les moyens d’investir – mais c’est pas ça qui va résoudre les problèmes énergétiques de notre pays.

Et l’avenir dans tout ça?

L’avenir n’est pas complètement clair, mais on ne peut que rejoindre le Maître pour dire que ces prix bas du pétrole ne dureront pas longtemps. Tous les contre-chocs pétroliers (1985, 1997, 2008) ont été suivis d’une remontée durable des cours dans les 2-3 ans qui suivent.

Les formes alternatives d’énergie reviendront donc au goût du jour.

Les premiers bénéficiaires seront les pétroles et gaz de schistes, qui reprendront leur forte expansion, et qui, grâce aux progrès technologiques de la fracturation hydraulique, deviennent de plus en plus économiques à exploiter tout en respectant l’environnement (forages respectant l’intégrité de la nappe phréatique).

Le second bénéficiaire sera hélas le charbon, de loin la source d’énergie la plus néfaste pour l’environnement et la plus dangereuse pour l’homme.

Le solaire est pour l’instant mort, mais l’éolien a un bel avenir, si on accepte la défiguration des paysages.

A plus long terme, la vision du Maître est tout à fait dans l’air du temps, celui de l’économie de la multitude (au sens de Colin et Verdier).

Même si on a encore du mal à lui trouver un modèle économique robuste, on imagine alors une production complètement décentralisée, un réseau complètement symétrique, ou chaque nœud, chaque citoyen, chaque entreprise, peut être producteur, consommateur ou stockeur d’énergie, en fonction de ses capacités du moment, tant en matière de consommation (chauffage, éclairage, énergie, mobilité…) que de production (éoliennes urbaines, photovoltaïque, biomasse…) ou de stockage (hydrogène, batteries… azote liquide).

Le tout est relié par un réseau de transport et de distribution extrêmement flexible, intelligent et automatisé, le Smart Grid, dont la régulation et l’optimum économique s’appuie sur un marché fluide, adaptatif et dynamique de l’énergie. En fonction du jour, de l’heure, de l’endroit, de l’offre et de la demande, un prix de marché s’établit qui encourage chacun à stocker, à produire ou à consommer de l’énergie selon sa capacité et ses besoins. Ainsi, la mutualisation des capacités de production à une échelle européenne, leur multiplication infinie et la diversité de leurs modalités permet de gommer l’impact de leur volatilité locale, et d’adapter finement la demande aux conditions économiques et environnementales à l’instant t. Par exemple, quand il y a du vent en Belgique mais pas en France, les ménages belges exportent de l’énergie vers les ménages français, et inversement. Ou encore, quand il n’y a pas de vent dans toute l’Europe, le prix de l’électricité augmente mécaniquement, et les filières industrielles les plus gourmandes en énergie réduisent automatiquement leur production pour diminuer leur prix de revient. Dernier exemple: quand il y a du soleil, mon voisin me revend l’électricité de ses panneaux photovoltaïques pour recharger ma voiture à azote, et quand il y a du vent, je lui revends de l’électricité produite par ma micro-éolienne pour qu’il se chauffe avec sa pompe à chaleur, le tout optimisé et ajusté localement, minimisant ainsi la déperdition énergétique due au transport longue distance.

Ainsi, au milieu d’un paysage énergétique mondial un peu déprimant, le Maître, par l’ambition audacieuse de ses inventions, est peut-être le précurseur visionnaire de notre avenir énergétique…

 

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